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Août 2021 Frank Braley, coup de poker par Robert Dompnier
Juillet 2021 Momo Kodama, réflexions poétiques par Robert Dompnier
Juin 2021 Jean Rondeau, de l'impermanence et du mouvement par Robert Dompnier

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July 2021
June 2021

JEAN RONDEAU … De l’impermanence et du mouvement

29/6/2021

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Concert à Chambéry - Photo Robert Dompnier
​Dans l’un de ses derniers enregistrements, opus intitulé Barricades, Jean Rondeau nous entraine avec son compère Thomas Dunford et quelques artistes talentueux dans l’univers poétique et mystérieux des musiques françaises des XVIIe et XVIIIe siècles. Tout un monde de subtiles nuances et d’atmosphères diaphanes telle que l’évoquent les sublimes « Barricades mystérieuses » de François Couperin. Ce disque passionnant nous donne peut-être quelques indications sur la personnalité du claveciniste Jean Rondeau et sur sa passion. Une passion à conjuguer au pluriel en vérité ; passion sans fin pour la musique, pour la découverte, pour les gens et pour la vie. Voilà un beau Credo. Dans le même temps, la musique semble rester pour lui un mystère, un éternel questionnement dans lequel le doute reste inscrit en filigrane entre les notes, entre les portées du texte musical. C’est ce que Jean Rondeau révèle d’ailleurs dans le livret accompagnant son CD et dans l’interview qu’il nous accorde : « Il en est de même du mystère de la musique, dont le sens s’éloigne à mesure qu’on pense s’en approcher ». De quoi méditer !

Il a appris la musique très tôt, vers 5 ans, comme on apprend à lire, se plongeant d’abord dans ce monde jouissif comme dans un jeu d’enfants. Sans penser que ce jeu deviendrait pour lui celui d’une vie. Sans se poser de questions sur l’avenir.
« Ce sont les avantages de l’enfance - dit-il. A 10 ans, je vivais dans le présent, avec un rapport sain à celui-ci, sans projection vers un quelconque avenir, sans planification ou calculs sur le futur. En revanche, j’avais envie d’apprendre plein de choses, en musique notamment. Mon seul rêve était de poursuivre la musique, d’en faire, ou plutôt d’en jouer. Jouer de la musique, jouer avec la musique… ».

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Amour de la musique. . .  et des patins à roulettes. - photo DR
Belle ambition pour ce jeune garçon. Aussi, il n’a jamais connu de sensation de rupture. Juste une longue partition qui se déroule, presque inexorablement, avec ses joies, ses opportunités, ses rencontres merveilleuses. 
Un avenir tout tracé. Si le questionnement n’existait pas à 10 ans, il est, en revanche, peut-être davantage actuel, parce que les choses deviennent forcément plus intellectualisées, plus pressantes lorsqu’on en a 30.
​
​Inutile de revenir sur son brillant début de carrière et les prestigieux concours qu’il a remportés (Diplômé du CNSM de Paris, Grand prix au concours International de clavecin de Bruges (2012), lauréat de celui de Prague, Révélation Soliste instrumental aux Victoires de la Musique (2015)… Mais là n’est pas l’essentiel. Jean Rondeau ne se penche pas sur le passé… Comme la musique elle-même, il est toujours en mouvement ; il avance et jouit du présent. En revanche, il chérit l’idée de reprise, de ressac, de rumination comme il l’explique lui-même. Parlant de son travail avec Thomas Dunford dans ce fameux disque Barricades, il poursuit : « Nous cherchons à passionner par le ressac de la redite et non à convaincre par le verbe. Nous sommes des ruminants du geste-passion, des flibustiers de la joie. Voilà ! ». Revenir sur un texte musical, sur une phrase, sur un enchainement d’accords et les repenser, les redire avec des mots, des émotions nouvelles, une sensibilité qui a évolué. D’un concert à l’autre mais aussi à l’occasion d’un même récital lorsque ces musiques du XVIIe ou du XVIIIe siècles utilisent la formule du refrain et du rondeau (sans majuscule celui-là). C’est l’idée de revenir sur un thème mais qui, lui aussi, vit de sa propre vie, évolue, se transforme, se dit en d’autres mots au fil du discours, au fil des idées, des émotions de l’artiste et de celles du public. Car, pour Jean Rondeau, chaque concert, chaque enregistrement est une façon de créer du lien avec les personnes qui l’écoutent, un lien presque métaphysique avec le public des salles de concert ou celui des auditeurs anonymes écoutant sous ses doigts, Bach, Rameau ou Scarlatti par le truchement d’une chaine Hifi ou du dernier smartphone.

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Concert à Chambéry - photo Robert Dompnier
Parmi toutes ces émotions transmises et partagées, il faut parler de la mélancolie qui fait l’objet de son dernier CD intitulé Melancholy Grace. Jean Rondeau mélancolique ?
​« Ah, mais pas du tout » m’affirme-t-il. En revanche, le concept le passionne. Cette mélancolie tellement présente chez les musiciens du XVIIe siècle représente un lien, un affect commun entre des compositeurs. Aussi, le thème du lachrimae rendu populaire par John Dowland va ensuite se promener dans toute l’Europe. Notre artiste s’est intéressé à cette idée qui s’est concrétisée sous ses doigts dans ce dernier enregistrement.
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​Au point de départ, un virginal italien de 1575 et une magnifique copie par le facteur Philippe Humeau. Deux instruments qui lui ont permis de rendre pleinement justice à ces musiques anciennes avec leur charme  unique et leur mélancolie sous-jacente, une musique pleine de surprises et de cascades d’ambiguïtés harmoniques. « Une musique qui se joue de nous ou qui joue avec nous » comme l’artiste le note lui-même.

J’indique d’ailleurs à Jean que le livret de ce CD, texte qu’il a lui-même rédigé, m’a demandé plusieurs lectures avant d’en comprendre tout le sens. Cela le fait sourire…
« Oui, peut-être, admet-il. J’ai essayé de donner quelques clés, quelques moyens d’approche à ces œuvres du passé mais de façon émotionnelle, ni technique, ni méthodologique. Lorsque je parle de tierces (notamment dans le type d’accord des instruments), de sixtes (dans la ligne musicale), je veux parler des couleurs, des émotions, des affects procurés par ces intervalles ».
Jean Rondeau ajoute d’ailleurs que ce livret, peut-être un peu touffu ou technique reconnaît-il, doit être lu et relu. Nous y voilà à nouveau : toujours ce principe de relecture, de redite, de rumination... Et puis, il s’appuie sur Nietzsche pour étayer son propos ; le philosophe qui soumit à un doute radical tout l'acquis de la pensée occidentale, nous demande lui aussi de lire, de relire et de relire encore…   
Jean Rondeau aime ce philosophe, tout comme il aime Spinoza. Peut-être pour cette identification entre Dieu et la Nature. Ladite nature, ou ce qu’on appelle nature, en tous cas loin de toute dualité ou rapport anthropocentrique, ce « vivant », dirons-nous, tient également une place importante dans la vie de notre artiste.
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Jean Rondeau, Thomas Dunfort et Keyvan Chemirani- photo Robert Dompnier
Si la mélancolie a été le thème de son dernier enregistrement, la joie, elle, fait partie du quotidien de Jean Rondeau. Il aime la nourriture, toutes les nourritures rencontrées au cours de ses voyages, les bonnes choses et les bons vins. Ce concept de la joie est quelque chose qu’il affectionne particulièrement, de façon très instinctive, très émotionnelle. En musique, cette joie est une sorte de réponse sensorielle aux pages d’un Bach ou d’un Scarlatti. Là encore, on se rapproche d’une notion liée à la philosophie et au concept de joie chez Spinoza, sorte de ressort essentiel pour avancer et réussir. Pour Jean Rondeau, cette joie est tellement importante qu’elle en devient presque un outil à tous les niveaux : physique, intellectuel, mystique…
Il confirme ce propos dans son CD intitulé  Dynastie et consacré à la famille Bach :
« M’accrochant aux étoiles puisqu’il semble bien qu’elles seules connaissent la réponse, je m’abandonne à cette joie qui nous dépasse, le seul langage qui puisse rendre compte de la musique, sans la sortir de sa matière, de son propos, sans la trahir ».
​Les idées, les notions, les concepts exprimés par le claveciniste au cours de notre interview sont nombreux, trop nombreux. Mes doigts doivent courir sur le papier sans trouver l’aisance de ceux de Jean Rondeau sur le clavier de ses instruments… Quelle interview passionnante cependant ! Je n’ai malheureusement pas la place de retranscrire toutes ses réflexions et autres pensées. Peut-on d’ailleurs ôter complètement le voile recouvrant un personnage attachant mais également complexe et mystérieux ? Je veux cependant conclure la retranscription de notre rencontre par cette belle idée que l’artiste me développe.
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Jean Rondeau - photo Shura Rusanova
Parlant d’une manière plus générale de méditation ou de yoga, Jean Rondeau voit en ces approches une sorte de réflexion, de chemin qui nous aide à avancer. Réflexion qui permet d’accepter que les choses arrivent en dehors de tout contrôle. Dans un monde très anthropocentrique, le yoga par exemple (loin de l’image erronée souvent donnée en occident), nous invite à comprendre et non à contrôler. Histoire de remettre les choses en place et nous offrir l’opportunité d’un rapport plus sain au monde vivant. Sorte d’approche spirituelle, il permet de saisir nos moments d’émotions, de regarder, de contempler le monde qui nous entoure ; tout semble alors plus fluide.
Dans le même temps, méditation et yoga peuvent être un véritable chemin. Chemin qui permet de prendre du recul mais aussi de se perdre pour mieux se retrouver, pour mieux se recentrer. Ils nous offrent introspection et écoute de soi pour mieux appréhender, peut-être, l’invisible qui s’amuse de notre conscience souvent infantile.
 
Finalement – et je vois que c’est déjà ma seconde conclusion – je retiens de ma rencontre avec Jean Rondeau l’idée que la musique ne peut pas être enfermée dans quelque chose de clos, de statique. Est-ce pour lui une référence à certaines institutions un peu poussiéreuses et surannées ? Pour notre claveciniste, la musique est mouvement, questionnement, doute parfois mais joie toujours dans un éternel recommencement. Surtout lorsqu’il est devant un clavier, observant d’un œil coquin, copain, ces notes qui dansent et chantent en chœur.
Robert Dompnier

​Jean Rondeau participera à la 10e édition du Bel-Air Claviers festival et nous propose plusieurs concerts en récital ou en ensemble entre le 14 et le 19 septembre 2021.
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UN NOUVEAU BLOG BEL-AIR

15/6/2021

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Pour fêter ses 10 ans, le Bel-Air Claviers festival prend un nouvel élan et vous réserve de nombreuses surprises à l’occasion de sa prochaine édition qui se déroulera du 14 au 19 septembre 2021.
Dans le même temps, l’équipe renforce sa communication avec de nouveaux partenariats et vous proposera désormais un blog à retrouver deux fois par mois. Ce blog vous apportera des informations sur l’univers musical de Bel-Air, concerts, rencontres, mais aussi sur le monde de la musique en général. Vous retrouverez ainsi des articles illustrés sur la musique baroque ou la musique de notre temps, sur des nouveautés discographiques ou sur la facture instrumentale. Des interviews et des rencontres avec les artistes que vous connaissez, que vous aimez et qui ont contribué au succès du Bel-Air Claviers festival au cours de ces dix dernières années viendront compléter ce blog.
Aussi, dans les prochaines semaines, ne manquez pas les interviews que nous avons réalisées tout récemment ou que nous réalisons ces jours avec Jean Rondeau, Thomas Dunford, Léa Desandre, Momo Kodama, Frank Braley ou Keyvan Chemirani. Ces artistes vous dévoileront leur univers musical mais aussi leurs passions, leurs souvenirs ou leurs projets. Des rencontres intimistes, chaleureuses et qui, nous le souhaitons, vous permettront de découvrir sous un jour parfois nouveau des musiciens dont vous avez aimé les récitals, les concerts ou les disques…
Premier rendez-vous avec Jean Rondeau, directeur artistique du Bel-Air Claviers festival, le 28 juin prochain. Une autre approche de la musique...
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Photo Wigmore Hall
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